Les 80 mètres, les 8 licenciés et le pharmacien

Tribune d’entrepreneurs IDEE PME : Les 80 mètres, les 8 licenciés et le pharmacien

Un pharmacien manque d’espace dans ses locaux loués dans une galerie marchande vétuste. Il veut déménager. Dans ces années 2000, les regroupements des officines sont fréquents. Il propose cette solution à ses confères les plus proches. Sans résultat.
Après avoir cherché en vain pour une implantation, dans son quartier (selon découpage Insee), il décide en 2012 un saut à 800 mètres de chez lui, en lisière d’un autre quartier. Il s’installe ainsi à 80 mètres hors des limites de son quartier initial, soit de l’autre côté de l’avenue. Quelle audace !
L’ARS accorde l’autorisation du transfert. L’autorité administrative ayant vérifié les conditions à remplir pour ce transfert, il ouvre son officine.
Aussitôt un recours contre ce transfert, et donc contre l’ARS, est introduit devant le tribunal admi-nistratif (TA) pour concurrence déloyale par une pharmacienne avec le soutien du Conseil de l’ordre.
Le transfert est annulé par le tribunal en 2015, soit trois ans après ! À quoi s’ajoute une radiation du pharmacien par le conseil de l’ordre. Des grandes feuilles blanches viennent cacher au mois de mars 2015 les médicaments interdits de vente. La population et le maire s’offusquent « des décisions prises par des gens éloignés du terrain », « on a grandi avec notre pharmacien ».
La justice confirme, en janvier 2016, l’annulation de transfert. Comité de soutien, 6 000 signatures sur une pétition, rien n’y fait.
Toujours ouverte, elle s’est transformée en magasin de parapharmacie, soit 15 % de son chiffre d’affaires lorsqu’il était pharmacien.
Fin de contrat ou licenciement, il a dû se séparer de ses 8 salariés !
Dernier espoir, une nouvelle demande de licence de transfert auprès de l’ARS et l’histoire repren-dra : recours, TA,….
On pourra se demander si l’expression « comptes d’apothicaires » n’illustre pas plus justement plutôt la petitesse administrative hors sol et pointilleuse. Aujourd’hui, c’est la folie des normes qui tue tant de projets en raison de ce décalage entre la lecture froide et administrative et la réalité du terrain et des habitants.

 

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